Émile Gilioli (1911-1977)
Émile Gilioli est l’un des chefs de file de la sculpture abstraite d’après-guerre, aux côtés de Brancusi et de Arp. Comme beaucoup de ses pairs, il s’inscrit dans le mouvement de la tapisserie de peintres abstraits.
Né à Paris dans une famille de cordonniers italiens, Émile Gilioli est très vite fasciné par le dessin et le travail des matériaux. Il reçoit une formation extrêmement complète : artisanale dans un premier temps, chez un forgeron italien et dans l’atelier d’un sculpteur spécialisé dans l’ornement des façades et des jardins à Nice, où sa famille s’installe après la Première Guerre mondiale ; puis aux Arts décoratifs de Nice et aux Beaux-Arts de Paris pour suivre les cours d’un atelier de sculpture.
Installé à Grenoble en 1940, il rencontre l’artiste Pierre-André Farcy (dit Andry-Farcy), alors conservateur du musée des Beaux-Arts de Grenoble. Il approfondit avec lui sa connaissance de l’art contemporain et notamment de la peinture abstraite et du cubisme. Inspiré à la fois de la statuaire grecque et de l’ancienne Egypte, et du cubisme, son style lui vaut de réaliser nombre de commandes publiques, destinées, entre autres, à quelques hauts lieux de la Résistance dans la région de Grenoble.
En 1949, il est nommé vice-président du groupe Espace animé par Bloc, Léger et Le Corbusier. Ayant rejoint les "poulains" de la galerie Denise René – qui amène son groupe de peintres abstraits à la peinture de cartons de tapisserie, tissés pour la plupart par l’atelier Tabard –, Gilioli rencontre Raymond Picaud, lissier à Aubusson, et s’essaie à l’art de la tapisserie.
Artiste phare de la sculpture abstraite, Gilioli reste fidèle à ses principes de sobriété, dans la forme et dans la couleur avec la laine : trait ferme et sans ornement, jeu d’oppositions entre masses blanches et noires.